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Les Confessions de Saint Augustin, composées au cours des 397-400 ont été l'un des livres de chevet de l'Occident.

Auto-biographie lyrique - la première d'une telle ampleur et d'un tel éclat  - elles orchestrent une synphonie de thèmes dont les siècles successifs n'ont cessé de s'enchanter : L'inquitétude constitutive de l'homme, le poids de l'enfance, les orages de l'adolescence, la pression du passé sur le présent, la chaîne des habitudes, le vague des passions, les séductions des amitiés et des amours, les prestiges du théâtre, la présence originaire du mal, les profondeurs de la mémoire, le mystère du temps, l'errance spirituelle et la proximité de Dieu.

Je vous propose de vous faire découvrir ou redécouvrir trois passages qui me semblent en phase avec des interrogations que nous posent le monde d'aujourd'hui.

Chapitre IV

"Qu'à l'âge de dix-neuf ans la lecture d'un livre de Cicéron lui inspira un violent amour pour la sagesse"

"C'était parmi ces personnes qu'étant encore fort jeune j'étudiais les livres de l'éloquence en laquelle je souhaitais d'exceller par cette fin damnable et malheureurse de l'ambition qui ne travaille que pour s'élever dans l'éclat et dans la gloire, et n'établit les fondements de ses plus solides joies que sur le vide et la vanité"...

"Je brûlais d'un amour ardent et d'une passion incroyable d'acquérir cette sagesse immortelle, et j'avais déjà commencé à me lever afin de retourner vers vous. Car je ne lisais pas ce livre pour polir mon style, ce qui était le fruit que ma mère avait pour but en m'entrenant dans les études, mais pour nourrir mon esprit : et y considérant plus le sens que les termes, et l'excellence du sujet qu'il traite que la noblesse des paroles"...

"Combien brûlais-je du désir de me détacher des choses basses et terrestres, afin de m'élever vers vous, sans que je susse toutefois à quoi tendait cet amour que vous me donniez pour la sagesse ?"...

..."Et cet amour de la sagesse est appelé par les Grecs Philosophie ; et c'était à l'amour de cette science que ce livre m'enflammait : Il y en a toutefois qui s'en servent pour tromper les hommes, en colorant et en couvrant leurs erreurs de l'éclat de la beauté d'un nom si grand et si vénérable.  Cet auteur dans ce Traité a parlé presque de tous ceux qui de son temps et dans les siècles passés ont été tenus pour Philosophes ; et en lisant lisant ce discours on reconnaît la vérité de cet avertissement salutaire que votre esprit saint nous a donné par la bouche de votre fidèle serviteur, losqu'il dit : "Prenez garde que personne ne vous trompe par la Philisophie, et par de vaines subtilités, en suivant plutôt les traditions des hommes et les maximes du monde, que l'Esprit de Jésus-Christ, en qui la plénitude de la dévinité réside corporellement."

 

Chapitre V

"Que son orgeuil lui donna du dégoût pour l'Ecriture sainte, à cause de la simplicité de son style."

"Mon orgeuil méprisait sa simplicité, et mes yeux n'étaient pas assez clairs ni assez perçants pour découvrir ses beautés cachées. Il est vrai que paraissant basse pour s'accomoder aux humbles et aux petits, elle croit avec eux, et se trouve plus élevée à mesure qu'ils avancent : mais je dédaignais d'être petit ; la vanité dont j'étais enflé me faisant croire que j'étais grand."

 

Chapitre VI

"Comme il tomba dans l'hérésie des Manichéens."

"Etant en cet état je tombai dans les erreurs d'une secte d'hommes superbes et insensés, qui étaient très charnels, et très grands parleurs. leurs paroles étaient un piège du diable, et comme un charme et un enchantement composé du mélanges des lettres de votre nom, du nom du sauveur Jésus-Christ, et de celui du Saint-Esprit, consolateur de nos âmes. Ils avaient à toute heure ces noms en la bouche, mais leur langue en proférait seulement le son, sans que leur coeur fût rempli des vérités qu'ils signifient. Le nom de la vérité était aussi continuellement sur leurs lèvres : Ils m'en parlaient sans cesse, mais elle n'était point en eux. Car ils ne disaient que des choses faussent, non seulement de vous qui êtes véritablement la vérité, mais aussi des éléments et des créatures du monde, qui sont les ouvrages de vos mains, dont les Philosophes mêmes ont dit beaucoup de choses très vraies, mais au delà desquelles je devais passer par le mouvement de votre amour..."

O vérité ! Vérité ! combien soupirais-je dès lors vers vous du profond de mon âme, quand ces hommes vous nommaient si souvent, et me parlaient si souvent de vous, mais seulement en l'air, quoique ce fût en plusieurs volumes. Dans cette faim et ce désir que j'avais de me rassasier de vous, ils me présentaient au lieu de vous le soleil et la lune, qui véritablement sont d'excellents ouvrages de votre puissance, mais vos ouvrages et non pas vous même, ni les permiers de vos ouvrages, puisque vos créatures spirituelles sont plus excellentes que ces créatures corporelles, quoique toutes éclatantes de lumière et toutes célestes.

Mais je ne cherchais pas même ces premieres de vos créatures. C'était vous seule que je cherchais, o vérité ! qui n'êtes capable ni d'être changée ni d'être obscurcie. J'avais faim et soif de vous connaître; et au lieu et de vous, après m'avoir présenté le soleil, ils me présentaient encore des fantômes lumineux"...

 

Extrait  de Saint Augustin, "Confessions".

Tag(s) : #Politique
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